Visite d’étude entre la CNRF du Burundi et l’ANRF du Maroc : Renforcement des capacités en matière de LBC/FT

Rabat, Royaume du Maroc – Du 13 au 15 mai 2025, une délégation de la Cellule Nationale des Renseignements Financiers (CNRF) du Burundi a effectué une visite d’étude à l’Autorité Nationale du Renseignement Financier (ANRF) du Royaume du Maroc dans le cadre d’un échange d’expériences et de bonnes pratiques en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT).

  1. Cérémonie d’ouverture et coopération renforcée entre le Burundi et le Maroc

La visite a été officiellement ouverte par le Conseiller du Président de l’ANRF, suivi du Secrétaire Permanent de la CNRF. Le Conseiller a souligné les excellentes relations de coopération entre le Burundi et le Maroc, rappelant que les deux pays renforcent leurs liens diplomatiques depuis l’ouverture de l’ambassade du Burundi au Maroc en 2015 et celle du Maroc au Burundi en 2021.

Le Secrétaire Permanent de la CNRF a exprimé sa gratitude pour cet échange, soulignant que cette visite était une opportunité d’apprentissage pour la CNRF, une jeune institution de seulement trois ans, face à l’expérience avancée du Maroc en matière de LBC/FT.

  1. Panorama du dispositif marocain de LBC/FT

L’ANRF a présenté son dispositif national, basé sur la loi 43-05 (2007) et ses amendements ultérieurs. Le Maroc a déjà subi deux évaluations mutuelles par le GAFIMOAN (2007 et 2017) et se prépare pour une troisième en 2026. Avec 39 recommandations du GAFI sur 40 respectées, le pays ne rencontre des difficultés que sur la Recommandation 15 (avoirs virtuels), en cours de régularisation.

L’ANRF joue un rôle central dans la coordination nationale, avec un Conseil regroupant toutes les parties prenantes. Ses missions incluent :

  • L’élaboration de stratégies et d’avis en LBC/FT ;
  • La proposition de réformes de gouvernance ;
  • La coordination entre autorités nationales et internationales.
  1. Clés de succès du modèle marocain

Plusieurs facteurs expliquent la réussite du Maroc :

  • Engagement politique au plus haut niveau de l’Etat ;
  • Digitalisation de l’économie marocaine, ce qui permet d’avoir accès à la base de données de toutes les institutions ;
  • Sensibilisation et formation des acteurs concernés ;
  • Adhésion au Groupe Egmont (2011), renforçant la crédibilité internationale ;
  • Collaboration étroite avec les assujettis ;
  • Outil d’analyse GoAML pour des analyses opérationnelles et stratégiques efficaces ;
  • Système IT certifié ISO 27001.
  1. Évaluation Nationale des Risques (ENR) et Registre des Bénéficiaires Effectifs (RBE)

Le Maroc a déjà réalisé trois ENR, dont le dernier rapport sera bientôt publié. L’ENR est essentielle pour une stratégie basée sur les risques (Recommandation 1 du GAFI).

L’ANRF a également présenté son Registre des Bénéficiaires Effectifs (RBE), un outil clé pour la transparence financière, et a démontré son fonctionnement en direct.

  1. Perspectives et innovations de l’ANRF

L’ANRF mise sur :

  • Les enquêtes parallèles de l’ANRF ;
  • Les sanctions financières ciblées,
  • La digitalisation des services financiers ;
  • L’intelligence artificielle (IA) pour améliorer l’analyse des données ;
  • La régulation des cryptoactifs (conformément à la R15 du GAFI) ;
  • La dématérialisation des processus internes.
  1. Recommandations pour le Burundi

À l’issue des échanges, plusieurs pistes d’amélioration ont été proposées à la CNRF :

  • Accroitre le budget et les moyens de la CNRF ;
  • Élaborer un plan d’action basé sur les résultats de l’ENR ;
  • Définir une stratégie nationale LBC/FT ;
  • Adopter un outil d’échange d’informations sécurisé entre les acteurs du dispositif LBC/FT ;
  • Sensibiliser les assujettis secteur par secteur ;
  • Renforcer la coordination nationale et internationale ;
  • Disséminer la loi LBC/FT et les résultats de l’ENR ;
  • Légiférer sur les avoirs virtuels ;
  • Mettre en place un organe national de recouvrement des avoirs illicites ;
  • Mettre en place une plateforme interne (Intranet).

 

  1. Clôture et engagement futur

La visite s’est achevée par des discours de clôture et une photo de groupe, marquant l’engagement des deux pays à renforcer leur coopération dans la lutte contre les flux financiers illicites. Un protocole d’accord (MoU) est en préparation afin de formaliser cette collaboration.

Cette visite a permis à la CNRF de capitaliser sur l’expérience marocaine et de consolider ses propres mécanismes de LBC/FT, en vue d’une meilleure préparation à l’évaluation mutuelle et une meilleure conformité aux standards internationaux.

ATELIER DE SENSIBILISATION SUR LE ROLE DES PARLEMENTAIRES DANS LA LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU TERRORISME

Bujumbura, 5 et 6 Mai 2025. L’Association des parlementaires burundais (APB) et le Réseau des parlementaires africains sur les flux financiers illicites et la fiscalité (APNIFFT), avec l’appui financier de la GIZ via la Cellule Nationale de Renseignement Financier (CNRF), a organisé un atelier de sensibilisation pour renforcer les compétences des parlementaires burundais en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Ces activités ont été rehaussées par la participation de deux coordinateurs régionaux, membres du comité de pilotage du Réseau des parlementaires africains sur les flux financiers illicites et la fiscalité (APNIFFT – African Parliamentary Network on Illicit Financial Flows and Taxation), un programme phare placé sous la coordination du Tax Justice Network Africa (TJNA). Un représentant du TJNA était également présent. Ensemble, ils ont apporté des contributions particulièrement riches et informatives à travers différentes  présentations.

L’atelier a réuni une diversité d’acteurs institutionnels et non étatiques. Y ont participé des parlementaires membres de l’APB, également affiliés au Réseau des parlementaires africains sur les flux financiers illicites et la fiscalité (APNIFFT), ainsi que des représentants d’institutions nationales clés, notamment l’Office Burundais des Recettes, la police judiciaire, et la Cellule Nationale de Renseignement Financier, représentée par une délégation conduite par son Secrétaire permanent. La société civile et les médias étaient également représentés, témoignant de l’intérêt multisectoriel suscité par les thématiques abordées.

En effet, l’objectif de la dite atelier était de renforcer les capacités des parlementaires burundais dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, en vue de promouvoir une gouvernance financière transparente, expliquer le rôle des parlementaires dans l’élaboration et le renforcement des lois visant à lutter contre le BC/FT, ainsi que le suivi de l’action gouvernementale pour promouvoir une gouvernance financière transparente.

Cette activité s’inscrit dans le cadre du processus d’évaluation mutuelle du Burundi relatif à la mise en œuvre des normes internationales en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT). Elle visait également à sensibiliser les parlementaires sur leur rôle essentiel dans l’harmonisation du cadre juridique national avec les exigences de la nouvelle législation, notamment la loi n° 08 du 27 mars 2025, portant modification de la loi n° 1/02 du 4 février 2008 portant lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

En les outillant de manière adéquate, cette initiative permettra de les éveiller aux enjeux de conformité et d’efficacité, et de les impliquer activement dans l’amendement des lois existantes, afin de garantir leur alignement avec les standards internationaux.